mardi 20 décembre 2011

"Edvard Münch, l'oeil moderne."

COMPULSION:
E
n 1907, au moment où il peint "La Chambre verte", Münch travaille sur un autre motif, celui d'une femme en pleurs, nue, debout devant un lit. Dans un laps de temps assez court, il en peint 6 versions, réalise plusieurs dessins, une photographie, une lithographie et une sculpture. C'est là une toute autre forme de répétition que lorsque le peintre reprend un tableau des années après pour en proposer une nouvelle version. Il y a dans cette réitération à travers l'éventail de tous les médiums qu'utilise Münch à l'époque, une forme de manie compulsive qui exprime son obsession pour le sujet. Nul ne sait exactement ce que signifiait ce motif pour lui: une scène primitive, un souvenir érotique, un archétype de lamentation qu'il aura cherché à simplifier au maximum en le répétant, comme il l'avait fait pour "Le Cri", "Mélancolie" ou "Le baiser"? Sans doute beaucoup plus pour qu'il ait envisagé d'utiliser la sculpture de la "Femme en pleurs" pour sa propre pierre tombale.

Femme nue en pleurs (1907-1930)




Cheval au galop (1910-1912)


Neige fraîche sur l'avenue (1906)



Enfants dans la rue (1910-1915)



L'homme à la luge (1910-1912)



Le soleil (1910-1913)



Kristian Schreiner debout (1943)


Le baiser dans les champs (1943)



Travailleurs rentrant chez eux (1918-1920)


L'exécution (1929)



Travailleurs dans la neige (1910)


Le dédoublement de Faust (1932-1935)


Autoportrait à la Clinique (1909)



Le Noctambule (1923-1924)



Autoportrait (1940-1943)



La vision perturbée (1930)

L'ESPACE OPTIQUE:
Il y a dans la peinture de Münch, un traitement de l'espace tout a fait singulier. En de nombreuses occurrences, son travail repose sur 1 ou 2 lignes de force diagonales qui viennent augmenter l'effet de perspective, sur une dilatation spatiale du proche au lointain, sur des premiers plans proéminents souvent coupés par le cadre et sur la projection en avant des personnages.

Munch était amateur de cinéma, il aimait s'y rendre pour suivre l'actualité, découvrir des longs métrages européens ou américains, les films de Chaplin, ect (Début du XXème siècle).
Il fit l'acquisition d'une caméra avec laquelle il filma des scènes de rue en Allemagne et Norvège: fascination pour la vie urbaine.
Malgré sa préoccupation à dépeindre les tourments de son âme angoissée, sa peinture est très en prise avec la monde extérieur. Il peint souvent d'après le motif, s'inspire de choses vues et de faits divers lus dans les journaux.

TROUBLE DE LA VISION:
En 1930, à l'âge de 67 ans, alors qu'une hémorragie dans le corps vitré de l'oeil droit altère sa vue, il pousse encore plus loin le processus d'introspection de la vision. Pendant plusieurs mois, avec une précision méthodique, il entreprend de restituer ce qu'il voit à travers son oeil malade. A l'intérieur de l'oeil, l'épanchement de sang s'est coagulé en une forme qui se superpose à la vision ordinaire. Dans ces tâches ou ces macules, le peintre voit apparaître un oiseau, des formes arborescentes, des cercles concentriques. En dessinant et en peignant ce qu'il voit à travers son oeil invalide, l'artiste, transformé un temps en ophtalmologue, représente son regard, la visions elle-même, ou "l'intérieur de la vue", pour reprendre une formule proposée à la même époque par Max Ernst. Il se regarde regarder. En cela Münch fait preuve d'une grande modernité: il est "l'oeil moderne".


Remarques personnelles:
*Le peintre utilise très peu de matière dans la plupart de ces tableaux, on peut même voir la toile. Lorsqu'il s'agit de scènes comme celles où il y a de la neige, la touche est plus épaisse (plus de matière).

*Il reprend des techniques telles que le pointillisme et le divisionnisme (technique picturale qui consiste à appliquer sur un support de petites taches de couleur pure juxtaposées) comme le faisait Henri Matisse. (Ex: "Autoportrait à la Clinique de 1909)

*Munch était considéré comme "fou" et il a fait de nombreux aller-retours en clinique. A l'évaluation de son oeuvre (l'ensemble des oeuvres), on peut visualiser les différents états dans lesquels il était plongé.

*
Il a utilisé des médiums bien différents: la photographie, le film, la sculpture, les toiles mais aussi le fusain, la peinture à l'huile ou encore la gravure sur bois.



Quelques oeuvres dans la galerie art contemporain/expo Martin Szekely.


Jean Pierre Raynaud, Container Zero (1988)




Martin Szekely, Table ML (2002) et Table circulaire concrete (2007)


Concernant mon avis sur l'exposition, je suis bien contente d'avoir découvert plus en profondeur cet artiste. Cependant, il y avait trop de monde et il manquait certaines oeuvres majeures (telle que "Le Cri"). Si vous avez l'occasion de vous y rendre, pourquoi pas mais choisissez bien votre jour sinon c'est assez désagréable.

1 commentaire:

  1. Magnifique les tableaux !! :)

    Viens voir mon blog si tu as le temps :)
    http://modequipeut.com
    Bisous bisouus

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